mercredi 27 février 2008

NÉON™ BOUQUINE...




"NÉON™ BOUQUINE"

Néon™ se fait un petit break à cause d'un tas de bouquins qu'il avait décidé de lire tranquillement depuis quelques jours. Halte aux cadences infernales, me mis-je à penser tout à coup... Oui, voilà. Néon™ se prend un peu de temps pour lui, sans rien essayer de faire d'autre que de lire un tas de trucs en retard qui traînent dans sa bibliothèque.

Au hasard... « Indian Creek de Pete Fromm », à cause des conseils de son libraire préféré. (Un tas de petits gestionnaires, de comptables à dix balles, de techniciens de plannings complètement débordés... devraient toujours se méfier des libraires un peu trop bons conseillers, et qui empêchent les gens de se concentrer trop longtemps au boulot.) Indian creek, un truc insensé ! L’histoire d’un type qui cherche n’importe quoi pour avoir quelque chose à raconter plus tard à ses petits enfants. la grande aventure d'un trapeur solitaire avec un tas de bêtes féroces qui n'attendaient que lui pour s'offrir un bon beefteak. Une sorte de Walden (l’œuvre « naturaliste » gigantesque d’Henry David Thoreau), mais sans une seule ligne d’introspection philosophique propre à dérouter le lecteur bien calé sous sa couette. Le récit, simple, dépouillé, d’un jeune homme planté un hiver entier dans les bois des Rocheuses pour surveiller un paquet de saumons qui crèveront quand même à la fin. L’intrigue se déroule dans l’Idaho-Montana (Ouest des Etats-Unis d’Amérique).


Très vite, il fait un froid de canard et le type mesure a quel point il a fait une sacrée connerie en acceptant de faire du camping dans un endroit pareil sans même avoir emmené un thermos de Pontarlier bien chaud pour se remonter le moral.
Condamné à s’adapter à tout un nombre d’horreurs naturelles en attendant le retour du printemps, le gars, Pete... se souvient de ce qu’il n’aurait jamais dû lire cette littérature crétine et prétentieuse d’un Jim Beckwourth, ou d’un Hugh Glass au lieu de bosser ses cours de maths-physique et courir les jupes des filles comme tous les mecs de son âge dans les boites de nuit à la mode. Un étudiant en biologie, tu parles ! Même pas foutu de reconnaître un cerf d’un élan pendant tout un chapitre. Rien ! que nique ! Le gars est obligé de tout apprendre sur le tas. Je me marre, mais le bouquin est exceptionnel, vraiment !
Indian crekk. Aux éditions Gallmeister


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« Nahui » ensuite. Un texte de Pino Cacucci. « Nahui » est le titre d'un récit romanesque qui retrace la véritable vie de celle qui fut l'égérie de l'élite artistique mexicaine au début du siècle dernier. L'histoire de « Nahui Olin » de son vrai nom Carmen Mondragón, mais tout le monde a oublié.

Mondragón... ça ne me disait rien. Une artiste peintre... Le Mexique dans les années vingt, le nom d'un général putchiste (le père de la dame en question), Emilio Zapata, Pancho Villa... Oui, voilà, bien sûr ! "Nahui Olin". Le destin tragique de la plus belle femme du Mexique et son amour fou pour ce salopard de Gerardo Murillo, le Dr Atl et ses volcans de prétention. Le livre est imprégné derrière chaque ligne des peintures de Diego Rivera, des photographies d’Edward Weston ou d’Antonio Gardunõ. Nahui Olin... Une de ces femmes comme il fut aussi des Frida Kahlo ou Tina Mondotti. Des âmes féminines révoltées. Un corps, possédé, dont elle disait elle-même « qu’il fut trop beau pour priver l’humanité du droit de l’admirer comme une œuvre d’art ».


Nahui est amoureuse d'à peu près tout ce qui vit d'un peu viril sur cette terre, à commencer par son père dont elle adora toute son adolescence l'habit bien mis et le galon brillant (en vérité, une sorte d'assassin bourré de principes nationalistes bourgeois qui portât toujours sa belle lame aiguisée du côté du plus fort). Nahui et son amour absolu pour tout ce qui bouge et qui pourrait la rendre heureuse sans restriction morale d'aucune sorte. Mais voilà, son histoire sentimentale avec le monde tourne très vite au cauchemar. Une révolution qui n'en finit pas, son mariage raté, et l’amant, le grand amant de sa vie qui précipite le couple dans la violence de ses propres contradictions amoureuses. Nahui s’enfonce. Une descente aux enfers, considérable dont il reste ces toiles naîves très colorées, mélancoliques et enchantées.
Nahui. Aux éditions Christian Bourgeois

Bref ! Tout ça pour vous dire que Néon™ a beaucoup de chance d'avoir un bon libraire. Un type avec qui on peut boire du vin et fumer le cigare jusqu'à point d'heure en refaisant le monde les nuits de pleine lune. On s'en recause dans une chronique toute neuve le mois prochain.
Néon™