mardi 18 mars 2008

NÉON™ DU CÔTÉ NOIR


GENRE LITTÉRAIRE...


CHOISIR UN BON LIVRE DANS LE « NOIR ».

Le genre « Noir» :
Une épaisse couche de matière foncée dans une paire d’idées pas plus claires.
Ou comment réussir à dénicher le livre parfait dans la couleur noire, un noir brillant au milieu d’un tas de « sombritudes » convenues.


PHOTOGRAMME EXTRAIT DE "NO COUNTRY FOR OLD MEN" DE J & E. COEN
(VOIR LA CRITIQUE DU FILM DANS LE JOURNAL DE NÉON™)

J’en étais resté au (Dahlia noir) de James Ellroy, au fabuleux Truman Capot (De sang froid), au (Corbeau) de Clouzot, aux (Tueurs) de Robert Siodmak (d’après une nouvelle D’Ernest Hemingway) ; à (Laura) d’Otto Preminger, à (Sueurs froides) d’Alfred Hitchcock ou au (Faucon maltais)... Oui, j’en étais resté à Fred Vargas avec une nette préférence pour le cinéma de David Lynch. (Blue velvet, Twin peaks, Lost highway ou Mulholland drive). Un tas de « trucs » de Rian Johnson, des frères Coen ou de Steven Soderbergh... Pas un français ! Je ne saurais dire exactement pourquoi ?!... Aucun « régional de l’étape. Melville ou Chabrol peut-être pour le cinéma, j’en oublie sûrement ! Pierre Soulages pour la peinture et ça n’a vraiment rien à voir avec la matière sombre dont il est ici question. Un Noir anglais, irlandais, suédois... un « Noir » américain, du nord pour commencer. La crise de 29 comme point départ d’un genre nouveau, inédit dans la littérature mondiale. Une voie diabolique, la transmission de valeurs du monde par son côté obscur ; l’expression du génie du mal. (Où il est tout de suite question de cette manière très largement foncée des sentiments, comme l’apanage d’un mode d’appréciation tout anglo-saxon et protestant du genre humain, soucieux de préserver sa libre-pensée, libre et sans décorum intempestif pour lui pourrir la vie créative de vieilles broques clinquantes, sacrées, intouchables ?) « Ouhhh, Ouhhh !... entends-je brailler derrière mon dos par toute une garde rapprochée du modèle culturel français, son caractère « exceptionnel » et surradministré » qui fait plus une thune au-delà des frontières nationales. Le Noir... et je m’amusais d’entrée à propos de toute une flopée de définitions intellos-puériles qui désignaient la « sombritude », « la ténèbritude » ou la « sanguinolance » en la matière de ce procédé narratif inépuisable, élevé au rang de genre singulier, indépendant, par opposition à tout ce qui serait plus clair dans l’auguste chose des belles-lettres "locales".

PHOTOGRAPHIE © DAVID LYNCH (EXPOSITION PERSONNELLE À LA FONDATION CARTIER, PARIS 2007



BANDE ANNONCE D'INLAND EMPIRE / DAVID LYNCH


Le roman noir... heuh et bein, c’est-à-dire que, je ne suis pas très sûr de bien réussir à définir le rayonnage chez les marchands de couleurs en série sur l’étagère de droite en haut ou peut-être un peu plus à gauche que je pensais. Vargas... Si, oui ! Fred Vargas (Ceux qui vont mourir te saluent, Debout les morts, Pars vite et reviens tard, Sous les vents de Neptune). Mais on me dit que ce serait plutôt à ranger dans la case « Polar ». « Noir, Polar »... Bon, et alors ?! Et puis j’ai rencontré Jean-Bernard Pouy. Un type qui passe inaperçu, pas grand, pas très bien fringué, genre l’air de rien ou de pas grand-chose. Un Pouy ni flic, ni vraiment gangster, détective privé alors ?! Écrivain, éditeur, touche-à-tout. Pouy... (Spinoza encule Hegel, Nychtémère, La petite écuyère à Kafté). Un Pouy prolifique, lucide, sensible, drôle, inventif, et qui ne mâche pas ses mots pour dénoncer cette politique française de la petite case de genre dédiée à sa littérature préférée. Une case du genre populaire par opposition au bon genre de la grande et vraie littérature qu’on vend à la manière forte sur les bancs de l’école pour ne plus jamais avoir envie de les acheter plus tard sinon dans la pléiade pour le cuir idéal de ses belles couvertures et le papier de messe qui craque de manière sympathique sous les doigts. Une petite case de genre, qui peut aussi vite donner dans le mauvais genre. Oui, peut-être, sûrement ! Faut dire que quelquefois le noir sent aussi la gare de triage, la graisse de mécanos laborieux et les trains régionaux en retard de dix aiguillages, le crime vite fait, le sang pâteux, les plaies faciles à recoudre et les gâchettes de revolvers de marques périmées... Bref, le noir n’est pas toujours parfait. Mais voilà donc, que ce Pouy déboule dans ma vie par le biais d’une interview improvisée dans un salon fait tout exprès pour célébrer les évangiles du genre glauque, de la gorge tranchée jusqu’au sexe, et du bide plié en quatre pour que tout tienne dans le hachoir électrique imprimé sur la quatrième de couverture qui déchire sa mère à la Fnac. « Vous oubliez Maurice G. Dantec comme il y eut aussi Philippe Porée-Kurrer ou Jean Amila... » C’est un lecteur assidu qui se mêle de notre conversation, le genre... très sûr de lui. « Des maîtres du genre, des paquets de gars inspirés, visionnaires et à la plume toute écorchée. Toute une bonne école française ». Ah bon. Dantec... évidemment ! Ce type en costard sombre, planqué derrière ses lunettes opaques, légèrement ésotérique sur les plateaux télé. Le prince du néopolar ; Dantec, l’oracle. (Artefact), une descente du word Trade Center, le matin du désastre et un tueur qui signe un pacte avec le diable. Une série de démonstrations par l’absurde du mal humain, du mal inscrit dans les gènes un peu tordus du genre humain. Des meurtres comme une leçon de chose écrit sur le mode « mondiovisionné, épuré », simplissime. J’avoue, oui, avoir préféré continuer de converser avec ce Pouy souriant, drôle... plutôt qu’avec un Dantec mystique et abscond... Sachant pour être honnête, que la chose ne s’est toutefois pas présentée. Pour tout dire, un type qui se la pète un peu à cause de son passé d’ex futur rock star ou je sais pas, mais le noir lui sied tellement bien. Une armure ailée, taillée en forme de Ray Ban ostensibles pour essuyer plus facilement les chocs de son propre drame intérieur exposé au vide sidéral d’un plateau télé et du public médusé qui n’y comprend rien.

JAMES JOYCE

Le Noir... Et je ne pouvais déjà plus m’empêcher de penser à Joyce. À cet Ulysse de Dublin. Fut-il, pensais-je alors... Fut-t’il un livre plus noir que ce « livre de voyage » ? l’hymne homèrien d’un alcoolique prodigieux. Joyce, l'exilé, titubant dans son temps, son putain de mauvais temps. Joyce, une loque géniale, céleste. Oui, voilà, je préfère ce noir-la tangible, radical... aux ténèbres mystiques étalées pompeusement sur les plateaux de télévision à la mode pour vendre des billets de trains faciles à prendre, un simple numéro de cirque. Joyce... ou un Pajak écrivain-dessinateur dépressif aux yeux de chien polaire racontant l’histoire de Joyce avec son (Humour) à lui VOIR L'ARTICLE CONSACRÉ À PAJAK DANS NÉON™. Pouy n’était pas vraiment d’accord ou peut-être qu’il l’était au contraire, bien plus que je ne saurais l’imaginer du haut de mon caractère de cochon rempli de préjugés. Oui, voilà, on avait beau me dire et cet adorable Pouy aussi, que San Antonio était formidable, qu’Agatha Christie aussi, que Stephen King aussi... Mais je pensais (aussi)... que le temps nous était compté, qu’il n’était pas possible de tout lire et fort heureusement je suppose. (J’entendais d’ailleurs cette émouvante statistique qui recensait seulement 9% des français capables de lire plus d’une vingtaine de bouquins par an – Que pouvaient bien faire les autres pendant leurs heures de boulot et autant de nouvelles heures supplémentaires à continuer de se faire chier sans une bonne ligne de poésie à se mettre sous les yeux ? – un chiffre qui ne cessait de décroître au fil des ans, malgré toute la publicité, le marketing, les salons, les prix... exorbitants des reliures en carré collés !) Qu’il fallait donc faire des choix, s’en tenir à une certaine ligne de conduite, à une certaine ligne de défense, une ligne de fuite si vous préférez. Aussi, j’orientais mes propres choix dans cette gamme de sombres, sur des « bifurcations post-modernes. J’entends par là l’œuvre d’un Paul Auster par exemple (Moon palace, Léviathan, La musique du hasard), le genre des digressions exagérées, des mises en Abymes ; le genre des samples, celui des fragments samplés du monde invisible, sensible. Le genre du labyrinthe. « (...) mais de même qu'un pas entraîne immanquablement le pas suivant, une pensée est la conséquence inévitable de la précédente... » écrit Auster.

Pour finir, je me disais que ce Noir dont on parle depuis tout à l’heure se reflétait si bien dans la commission cinématographique d’un Lars Von Trier cynique dans Dogville ou dans Breaking the waves. Comme le noir convenait si bien à Houellebecq toujours fringué en clair fripé, pour continuer de fumer en pleine lumière sans qu’on repère le nuage de nicotine dans les ombres d’un veston trop chic campé sur les mauvaises odeurs de son maillot de corps ! Du noir perché à la hauteur considérable de grandes œuvres originales, plutôt que du Noir brillant qui en jette sur une couverture convenue, consacrée au monde pourri et dégueulasse dont je conchie la facilité d’esprit et la versatilité d’opinions. Oui, bon !


LE CHOIX DE NÉON™

Tout ça, très rapidement, pour vous dire qu’il me fallait tout de même faire le choix d’un livre, dans le « genre » bon livre du « genre bien Noir » du moment, puisque telle était le sujet, le contrat passé entre nous. Alors voilà, j’hésitais... La théorie des cordes de José Carlos Somoza ou Les Bienveillantes (le succès de librairies qu’on connaît et un joyeux débat télévisé entre Valérie Pécresse et Philippe Sollers pour savoir s’ils avaient lu le même livre l’un et l’autre en commençant par le bon chapitre. Je vous jure que c’est vrai !)... ("Putain, ça y est, y recommence. On s’en fout de la télé. On t’a dit du noir bon dieu ! Du noir et rien d’autre. Éteins ton écran plat, bois un coup et pisse ta copie".) Bon, ok, ok ! Je me concentre. Alors si je disais : Yemy pour le (Tarmac des hirondelles). Ça vient tout juste de sortir des presses chez Héloïse d’Ormesson. L’histoire d’un môme quelque part au Soudan, en Somalie ou ailleurs... enrégimenté dans une armée de la mort. Des cadavres partout. C’est hurlant de douleur, une authentique désolation. L’enfer, le pire sur terre, quasi psalmodié par un conteur d’origine camerounaise, (l’auteur du « sublissime » Suburban blues) car Yémy joue de la mélopée comme d’autres auteurs « Noirs » jouent de la hache ou du rasoir finement aiguisé. Une histoire vraiment affreuse et tellement bien écrite. En plus l’auteur est vraiment noir pour le coup, un vrai roman de noir... Je ne peux pas vous dire mieux. Et vous me dites : « Toujours pas assez noir !? »

CORMAC MCCARTHY

Alors voilà mon dernier mot et qu’on n'y revienne surtout pas. À l’unanimité de mon opinion personnelle donc... Et désolé d’y revenir après le film, sa critique dans le journal de Néon™ et son Oscar le lendemain à Hollywood, Los Angeles, Californie, Etats-Unis d’Amérique... But tne winner is Cormac Mccarthy pour No country for old men (Non ce pays n’est pas pour le vieil homme) qui remporte allégrement la partie. Un désert dans l’état du Texas, des trafiquants de drogue la tête explosée, une valise remplie de pognon et une chasse à l’homme qui commence.
Néon™



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