mardi 5 janvier 2010

L'ESCALADE... / 1


RÉUNION DE CRISE SUR QUELQUES HAUTEURS SINGULIÈRES EN ARBOIS.

La voie n'est pas d'une difficulté extrême, mais comme l'ensemble du secteur concerné... c'est-à-dire la partie supérieure des falaises de Montfaucon située sur les hauteurs de Besançon, le rocher est plutôt patiné, assez étrange pour tout dire, déroutant... et réclame beaucoup de lucidité. Une entreprise délicate et qui réserve toujours la surprise d’une de ces aspérités qu’on croyait toute indiquée juste avant de se révéler finalement trop incertaine sous les doigts ; une de ces prises, une réglette trop fuyante pour se hisser franchement dessus. Bon, je ne sais pas trop pourquoi je vous parle de cet itinéraire plutôt modeste, cachée dans les roches dites « d’Arbois » et suspendu aux lèvres du fort de Montfaucon. Un mur de rendez-vous, réservé à ces beaux jours de printemps lorsque le calcaire s’éclaircit dans la forêt dense et que les copains insistent pour tenter des trucs invraisemblables en marge de leur petite vie bien rangée. Sinon que voilà des semaines que cette idée me hante de remettre quelques grammes de gomme espagnole aux pieds pour déguerpir au plus vite, sortir du marasme ambiant. L’humidité peut-être... Tout ce qui suinte franchement dans l’air pas très sain de ce passage de témoin annuel. Un Besson qui crève l’écran d’une année sur l’autre ; une Roselyne Bachelot, ministre de la santé pour essayer de nous faire rire avec ses vaccins refourgués en solde en Asie du Sud Est ou dans les Émirats arabes unis après avoir essayé de nous foutre la trouille pendant des mois en agitant ses petits bras dans les médias plutôt complaisants... Je ne sais pas, non... Vraiment pas ! Copenhague, tiens !... Le sommet... Des hauteurs considérables dans la connerie humaine. L’idée qu’il nous restait quelques minutes à vivre, deux heures avant le grand ramdam international pour trouver une solution de secours aux ours qui crèvent à genoux sur la banquise, aux libellules qui s’étranglent dans l’air triste de nos jours sans lendemain... Et puis rien. L’idée qu’il fallait tous retrousser nos manches pour remédier à l’irréparable, parer à la catastrophe écologique dorénavant inévitable... Une mort lente, programmée depuis des lustres dans une conjugaison d’intérêts aveugles insupportables. Je ne sais plus. Copenhague... Le comportement tragique d'un tas de somnambules, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise encore ? Oui, voilà, je pensais à une voie, à une bonne voie d’insertion comme dirait ma Lili préférée... mais pour circuler loin de toute cette époque déglinguée.



ESCALADE DANS LES ROCHERS D'ARBOIS / NÉON 2008


Une voie comme un passage dérobé plutôt qu'une paire d'autoroutes de faux-semblants ; un chemin de traverse pour retrouver la terre dans son état normal, elle et ses cheveux délacés, sa peau de banane sous mes pieds quand il pleut. Quelque chose comme un monde insensé, un truc absurde dans le sens où le comprenait ce Camus dont on fait tant cas tout à coup. Une voie d’accélération pour échapper au tumulte de la foule, son allure exigeante et pressée. Vous avais-je dit un jour que je ne vous préférais pas à beaucoup de gens dont on ne parle jamais et qui murmurent en silence la poésie des orages ? Ce sont je crois les pentes risquées, les passages interdits et les croisements périlleux qui me manquent le plus aujourd’hui, là, maintenant, tout de suite, à la place de ces plaines de bons sentiments, ces gerbes de lignes droites butées. Quelques errements géométriques sur des surfaces bien poncées. Je ponce, donc je suis... lisse et sans bavure... Un monument mastoc et bien verni pour nous garder d’un tas de courants d’air superstitieux... Bon, aller... Je vous laisse. Un tas de boulot qui m'attend. Des rendez-vous importants, un planning serré, la netteté à faire sur les yeux des gens biens comme il faut, et des coupes franches dans tout ce qu'ils voudraient se répéter un peu trop pour ne rien dire. Bref ! la routine télévisuelle. Et tous mes voeux de bonne santé quand-même pour cette nouvelle année.
NÉON™