vendredi 24 mai 2013

ICI "LONDRES"... LES VACHES SONT SORTIES DU PRÉ...

LA ROUTE/ À l’avant de la course avec Marylou dans le rétro et une paire de roues Lightweight™ au prix d’un container de poivriers Peugeot™ pour tenter de rattraper la 403...

Je n’irai pas jusqu’à dire comme Jack Kerouac écrivait que « la plus belle course de ma vie était sur le point de commencer… » je n’étais d’ailleurs ni dans le Mississippi, ni dans le Nebraska, et encore moins au coin de cette « 40e » et de Madison Avenue à New-York où se termine le roman culte d’un de mes auteurs préférés. Au lieu d’une Hudson de 1949 et sa Marylou de cinéma vautrée dans le grand roman de Proust traduit en Anglais, les 2 jambes coincées sur le rétro chromé de la belle bagnole la fenêtre ouverte : cette Peugeot™ 403 cabriolet, plantée dans notre champ de vision pendant 4 jours de reportages sur le Tour Cycliste de Franche-Comté.

PHOTO © Jean-Luc Gantner
Un modèle mythique du temps du cinéma « moderne ». (Jean Seberg dans la caméra sans traveling ni éclairage supplémentaire de Jean-Luc Godard en 1960. Une Arriflex™ 35BL je crois !… (Le genre d’engin qui allait bousculé l’histoire du cinéma comme dans le cyclisme un Peugeot™ PX10 à raccords noirs… resterait dans les mémoires après avoir servi quelques victoires de l’immense Eddy Merckx). L’obsolescence déjà d’un matériel de tournage encombrant passé d’âge, et de méthodes de travail « À bout de souffle » à l’époque où les lourdes caméras  américaines Mitchell™ cherchaient encore à conserver leur privilège par tous les moyens. Une route… qui en chasse une autre. Une vieille histoire ! comme le lycra sur les épaules de la Sky™ remplace aujourd’hui la laine des maillots Molteni™. Bon, et nous voilà bien avancés !

 PHOTO © Jean-Luc Gantner

UNE BELLE MARQUE™ DE FABRIQUE SUR UN MAILLOT LAVABLE EN MACHINE
À ce moment précis, le type (disons Tony™ dont je vous parlerais dans le détail prochainement) se dit qu’il aurait fière allure avec son maillot Kerouac™ au guidon d’un BMC™ SLR1 équipé de roues Lightweight™ Meilenstein à plus de 3000 euros la paire  ! Juste le moment où son rédacteur en chef le rappelle à l’ordre d’un sujet à livrer avant midi sur la stratégie managériale des usines Cycleurope™ de Romilly S/Seine où Peugeot™ continue de faire fabriquer sa marque sans avoir à mettre les mains dans le cambouis. Une marque™, mais plus d’usine depuis bien longtemps déjà !… La marque de fabrique de notre chouette monde moderne où les marques elles mêmes finissent un jour par changer de maillot sans prévenir ni les ouvriers, ni les clients ! (Un truc qu’on ne verrait jamais au milieu d’une course cycliste inscrite sur un calendrier officiel. Et il ne manquerait plus que ça encore !)  Là, Tony se fait franchement remonter les bretelles par sa direction de l’information, en général plutôt patiente, mais qui elle aussi a des comptes à rendre à ses actionnaires qui eux aussi changent de couleur de maillot tout le temps. Ok alors ! Oui, Romilly dans l’Aube, au lieu de Kerouac imprimé sur un maillot tricoté main mais lavable en machine. Pour rester bons amis et continuer de nous entendre sur le sujet d’une route parfaitement circonscrite à son objet principal d’un joli poivrier de Sochaux sur la table. Une route, avec cette 403 de cinéma devant nous et un groupe de forçats aux maillots détrempés lancé à nos trousses. (Et voyez où Tony es est, qui ne sait pas si tout tiendra sur la table en finissant par rajouter une jolie miss comme Charlène Michaux sur la nappe ?! Le petit coup de sel en plus qui finirait pas tout faire déborder…
PHOTO © Jean-Luc Gantner
Cette vision récurrente du paysage un peu flou qui défile à travers le pare-brise dans le reflet du bandeau officiel de la course. Loin derrière la Berline de reportage, des hommes vissent en tête du peloton. À peine quelques images furtives d’une échappée du jour dans le rétroviseur de la bagnole… Des heures de route à l’avant d’une grande bagarre quotidienne de dérailleurs. Un enchainement de contorsions sur la banquette de notre Peugeot™ 308 stop & start de service pour tenir informés les téléspectateurs et les internautes tout en épargnant la couche d’ozone et les ours blancs de l’Arctique. (Moins de 140 g de CO2 par km ! Mais où l’on regrettera la mise à disposition d’une surface plane et stable permettant d’écrire sur le tableau de bord des résultats lisibles en descendant de l’habitacle et poser sa bière sans risque pour son costard repassé pour le grand Direct dans les journaux du soir…)

« ICI LONDRES, ICI LONDRES. LES VACHES SONT SORTIES DU PRÉ… »
Des heures sous l’antenne amovible posée sur le toit de la Cadillac™, l’oreille collée à la HF réglée sur radio Tour. L’oreille collée à la fréquence 157,550 MHz, et les yeux fixés sur le témoin de niveau Wifi du téléphone portable pour tenter une connexion avec le Blog Cycliste de France 3™. « Chute ! », « chute à l’arrière… » Puis la même voix  de stewart égraine dans le poste des numéros de dossards en tête du dernier GPM…  « Laissez travailler les directeurs sportifs SVP ! » « Les voitures des invités, prenez du large maintenant, ça va revenir fort dans la descente ». « Allez prenez de l’avance devant »… Puis plus tard : « Des vaches sont actuellement sortis de leur enclos à l’entrée du village. À tout le monde : Faites très attention ! »… « Au km 168, Deux coureurs sont toujours en tête à 2 minutes »… Le film de l’étape déroulé comme une bande son grésillante dans le récepteur HF. Autant d’incidents de parcours qui deviendront les événements médiatiques dans les JT. Les neurones passés au shaker des heures durant, et la tête comme une citrouille sur la ligne d’arrivée, avant de tout devoir résumer sur une minute trente en direct à la télé. « Allo la terre. Oui, ici Londres » (Le grand reporter bien sûr !)… À la régie : « Heureux de te revoir mon cher Albert. c’est à toi dans 10 secondes ». Le voyage forcément un peu étrange pour un visiteur de musées ou un pêcheur à la ligne mondialisé. Le temps aussi pour Tony et son équipe de reportage embarquée, de prendre quelques jours de repos bien mérités après tant d’émotions sportives sur la route.  JL Gantner